Les différents habitats de la Taïga : classification finale dans la zone d’étude
Sommaire
Article écrit par Julie Dewilde
Nous présentons dans cet article le bilan final du système de classification choisi. L’élaboration de cette classification fait suite aux trois mois passés sur le terrain à arpenter la taïga. Il vous présente de manière succincte les 14 habitats sélectionnés grâce à des photos et une courte description. Ce sont ces habitats qui vont nous servir de base pour l’étude de cartographie et éventuellement pour l’étude de l’utilisation de l’habitat de la meute de loups.
Forêt dense sur sols humide
La taïga est souvent considérée comme une forêt claire en comparaison aux forêts tempérées ou tropicales…cependant, nous avons remarqué que la forêt pouvait être très dense, à certains endroits, rendant leur accès parfois difficilement praticable.
Dans ces forêts denses, l’espacement entre les arbres est restreint et les branches s’entrecroisent. La canopée est dense mais cependant pas autant que dans une foret tempérée ou tropicale car l’adaptation des conifères de la taïga au froid leur fait adopter un port colonnaire (voir l’article sur la taïga). Les rayons du soleil peuvent donc arriver à percer jusqu’au sol malgré la densité des arbres.
Ce type d’habitat est également caractérisé par un sol « humide » où les mousses prédominent.
Les sous bois sont également denses et broussailleux. Le thé du Labrador (Ledum groenlandicum) est l’espèce végétale dominante en sous bois.
Nous avons rencontré ce type d’habitat fréquemment, notamment au bords des cours d’eau mais également un peu partout sur la zone d’étude, excepté au sommets des crêtes. L’épinette noire (Picea mariana) est souvent l’espèce arborescente dominante dans ce type d’habitat.
Forêt dense sur sols secs
Cet habitat possède les mêmes caractéristiques de forêt dense mais c’est son sous-bois qui diffère fortement. Le sol est plus sec et moins propice au développement important des buissons et arbustes. Le sol est recouvert de lichen (la cladonie appelée aussi « mousse de caribou ») et on observe très peu de thé du labrador.
Ainsi, même si l’espacement entre les arbres est faible, cet habitat est relativement facile d’accès car son sous bois est dégagé. Il a également été rencontré fréquemment sur la zone d’étude. On y retrouve l’épinette noire mais aussi le pin gris (Pinus banksiana), parfois même en espèce dominante.
Forêt claire sur sols humides
Dans les forêts claires, l’espacement entre les arbres est beaucoup plus important. Les branches s’entrecroisent peu voire pas du tout. On se retrouve plus dans un paysage typique de forêt boréale septentrionale.
Dans les forêts claires à sols humides, les arbres sont en général, beaucoup plus petits. On retrouve cet habitat quand le sol devient trop humide pour permettre le développement important de la végétation mais pas totalement asphyxiant pour l’empêcher totalement.
Nous avons trouvé cet habitat, fréquemment au bords des lacs ou entourant une tourbière par exemple
Forêt claire sur sols secs
On se retrouve dans le même type d’habitat : des arbres beaucoup plus espacés et souvent plus petits, même si dans cet habitat, des arbres de grande taille pouvaient également être rencontrés contrairement à l’habitat précédent.
Le sol est plutôt sec, recouvert de lichen, les arbustes sont peu développés.
C’est un habitat très facile d’accès qui permettait d’accélérer note progression lors des explorations.
Ce type d’habitat se rencontrait essentiellement sur les pentes ou le sommet des crêtes.
Foret variée
Cet habitat regroupe les caractéristiques des quatre précédents habitats sur une échelle tellement courte qu’il était impossible de déterminer si le sol était par exemple a tendance humide ou sec (autant de mousse que de lichen) ni si la forêt était plutôt dense ou claire : des bosquets très denses de quelques arbres au milieu d’espaces complètement libres.
Cet habitat désigne donc les forêts où on n’observe aucune tendance flagrante et où la forêt ressemble plutôt à un patchwork de peuplements d’arbres. Ces zones sont plus ou moins faciles d’accès.
Feu récent
Après le passage d’un feu, ce sont les zones qui sont encore au stade de développement. Les épineux ne sont pas encore en repousse. Le sol commence à être recolonisé par les mousses , les lichens et quelques arbustes. Les arbres brûlés sont soit encore debout (l’accès de ces zones est alors très aisée et constitue des “portes d’entrées” pour des explorations plus profondes de notre zone) soit tombés au sol, rendant la progression plus difficile mais restant encore aisée.
Régénération dense
Les zones en régénération ont déjà atteint le stade de renouvellement. Les épineux sont en repousse. Leur accessibilité est très variable selon différents facteurs. Dans les zones en régénération dense, on trouve de nombreux arbustes qui sont déjà bien développés, des épineux de petite taille, souvent des arbres ports tombés au sol, qui commencent à être envahis par les arbustes.
Le sol est souvent humide facilitant la prolifération de la végétation. L’accès de ces zones est très pénible et difficile.
Régénération claire
Là aussi, nous sommes dans un habitat au stade de renouvellement mais son accessibilité est beaucoup plus aisée. Le sol est en général plus sec, ce qui a limité la densité de la végétation : on retrouve beaucoup moins d’arbustes en repousse, beaucoup moins d’épineux.
Ligne électrique
Ce sont des zones qui sont également au stade de renouvellement (l’habitat est broussailleux et arbustifs) mais la cause de la régénération est différente. Il ne s’agit plus d’un feu mais d’une coupe anthropique. C’est un habitat qui est à part car influencé par la présence de l’homme ponctuellement (coupes tous les trois-quatre ans, présence ponctuelle pour vérifier les lignes, chemins d’accès, etc…).
Les lignes provoquent de grande trouées dans la forêt boréales…et sont souvent des passages d’accès tant pour les humains que pour les animaux…en particulier quand elles traversent des forêts denses.
Zones humides asphyxiantes
Ce sont les zones où le sol est trop humide pour permettre le développement d’arbres. L’eau est souvent stagnante. Le développement herbacée est important et c’est un habitat riche en diversité florale et faunique.
C’est un écosystème à part, avec son fonctionnement propre, très différent de celui de la forêt.
On peut retrouver cet habitat n’importe où, parfois isolé en plein cœur de la forêt, parfois sur des étendues beaucoup plus vastes.
Eau : rivières, lacs, ruisseau
Ce sont les lacs et les rivières qui caractérisent cet habitat. Leur profondeur et leur taille en font des obstacles ou des barrages dans les déplacements des animaux. C’est le seul habitat qu’on peut aisément distinguer sur une carte satellite et donc qui ne nécessite pas de prendre les points GPS systématiquement.
Zones arbustives denses
Cet habitat se situe hors de la forêt et ne correspond pas aux sous bois des forêts denses. C’est un habitat à part. Il est constitué uniquement d’arbustes, en grande majorité des aulnes, parfois de grande taille.
On retrouve cet habitat essentiellement sur les bords des cours d’eau (lacs, rivières) où les aulnes remplacent les épineux. On le retrouve également tout le long de la trans-taïga, sur les anciennes gravières (le développement des aulnes est un peu moins important) ou de façon sporadique dans la zone d’étude.
Quand le développement est important, l’accès en devient très difficile.
Activité humaine
Dans cet habitat, on classe tout ce qui a un rapport direct avec les activités humaines : routes, bâtiments, gravière, dépotoir…etc
Non déterminé
C’est la “case” où on range les habitats qui ne correspondent à aucun décrit précédemment ou dans une zone qui n’a pas pu être explorée…à la fin de l’étude, cette “case” ne doit pas dépasser 5% du territoire.
Article écrit par Julie Dewilde